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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 23:37

Des paysages chacun son style par Anne Le Menn


Cinq artistes exposent des paysages à l’espace d'art contemporain Eugène Beaudouin, dans cet exercice, ils utilisent des techniques et ont des sensibilités qui leur sont propres. Leurs paysages  peuvent correspondre aussi bien à  un espace extérieur que mental.


Philippe Thomarel, Philippe-Thomarel-1.jpgpeint à base d’émulsions de laque acrylique mélangées pour obtenir des cieux  plombés, d’où émergent des structures fantomatiques de ponts métalliques. Des maisons sont évoquées par des petites masses cubiques,  des réverbères suggèrent des milieux hostiles, des camps ou des banlieues tristes. Même si l’artiste ne la ressent pas ainsi,  l’atmosphère  est froide et angoissante. Philippe-Thomarel--2.jpgUn tableau sur papier marouflé sur toile  montre un premier plan formé d’un groupe de chiens qui pourraient s’apparenter à une meute de loups sinistres, s’ils n’étaient affublés des collerettes caractéristiques des chiens-chiens à leur mémère sortant de chez le vétérinaire. Des chiens sauvages domestiqués de façon ridicule, qui semblent toutefois joyeux et fort occupés, ils font circuler des blancs sur la toile.  Le plan suivant semble  définir  un milieu aquatique, peut-être la matérialisation des lignes d’eaux d’une piscine sombre.  La ligne d’horizon décrit  un milieu industriel et marque la limite d’un ciel agité dans lequel on retrouve quelques blancs du premier plan. La facture est libre et vivante dans ce tableau étrange et fascinant.

 

Nagham Hodaïfa, nagham-hodaifa.jpgest syrienne, les paysages volcaniques ont marqués son enfance et ses premières  peintures de paysage, alors effectuées sur le motif, si elle ne peint plus maintenant dehors, son travail  sur  les corps en mouvement des danseurs se retrouve  dans un grand tableau qui couvre un des murs de l’espace. En plusieurs panneaux,  dans des tonalités rouges et vertes ponctuées de bleu, elle offre un paysage intérieur minéral ou le regard  se perd avec plaisir dans une peinture dynamique et séduisante.

 

Anne Moser, Anne-Moser.jpgprocède en deux étapes, dans un premier temps, elle  peint en extérieur, parfois sur de grands papiers,  puis dans une seconde phase en atelier,  elle utilise ces études pour peindre d’un geste très libre et enlevé.  Dans sa façon de travailler,  l’on retrouve l’esprit de l’épure et la conservation du blanc du papier propre aux  artistes asiatiques. Anne-Moser-2.JPGElle se dit d’ailleurs inspirée par Zao Wou Ki.  Elle parvient ainsi à faire ressentir, la vitalité et  l’énergie de la nature dans ses belles saisons.


Anne Manoli et Philippe Michaux Ruiz possèdent  eux aussi des univers marqués, les épaisses couches de peintures de l’une s’opposant au traitement fluide et lisse de l’autre.


Les  paysages des cinq artistes bien que très différents jouent très bien ensemble dans les volumes blancs de l’espace Beaudouin. L’ensemble est cohérent et donne la preuve, que si  le paysage est un genre pictural à part, et  est apparu il y a longtemps, il  continue à intéresser les peintres et à exister dans la peinture contemporaine.

Informations Pratiques

Espace d'art contemporain Eugène Beaudouin

Ouvert du vendredi au dimanche de 14h30 à 19h, et sur rendez-vous

Résidence Universitaire Jean Zay bât.F

rue Lafontaine 92160 Antony

A 20 min de Châtelet les Halles RER B Station Antony, sortir place René Cassin, suivre Hôtel de Police

09 65 29 30 23  www.espacebeaudouin.com 

 

 

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 22:03

miro-2.jpg

 

Les bronzes de Miro par Anne Le Menn

La sculpture de Miro (1893-1983), le catalan, est exposée à Paris au Musée Maillol, il ne faut pas se fier à  l’affiche avec sa statue aux laides jambes rouges  d’un mannequin de prêt à porter  La sculpture de Miro est un excellent antidote contre la morosité.

 Souvent basées sur des assemblages d’humbles objets de son environnement, les œuvres présentées  sont vigoureuses et ludiques. Un exercice de style stimulant qui dégage de la poésie, et ceci sans même  lire les cartels qui annoncent pourtant des titres évocateurs tels que l’oiseau lunaire, l’oiseau solaire, jeune fille s’évadant, ou l’un des  plus opaques mais néanmoins fort intéressant : Les Trois Cheveux magnétiques de la belle blonde attirent les papillons.

 

La sculpture d’un artiste reconnu, qui peut se permettre de  faire fondre* en bronze ces œuvres. Le petit-fils de forgeron  retrouve alors le plaisir de se confronter au feu et au métal en fusion.  Il y travaille sur les patines, elles complètent  son travail sur la forme : « noble patine qui va du noir au rouge sombre, en passant par de larges zones à la tonalité verdâtre » ou « une patine riche et très personnelle, pleine de magie » ou encore « la pureté qui garde le pouvoir de suggestion et la puissance primitive des sculptures ».miro-1.jpg

 

miro-3.jpgNous ressentons la joie de créer de l’artiste et sa jubilation est communicative.  Les statues généralement de taille modeste s’alignent sur des étagères. Plutôt que d’en voir autant, elles se détruisent parfois les unes les autres tant elles sont physiquement rapprochées, nous souhaiterions en faire le tour et les toucher, les caresser mais  ce n’est qu’un rêve …..

 

 

 

*J’ai eut la chance de visiter l’exposition avec un sculpteur, Tova Madsen,   ayant travaillé chez le fondeur Clémenti à Meudon, elle rappelait que seulement 9 tirages en bronze sont réalisés  pour la vente, plus 3 ou 4 tirages pour la fonderie et l’artiste.

 

Les visuels et les citations sont extraits du dossier de presse.

 

Informations pratiques :

MUSÉE MAILLOL - FONDATION DINA VIERNY

59-61, rue de Grenelle 75007 Paris

L’exposition est ouverte TOUS LES JOURS de 10h30 à 19h Nocturne le vendredi jusqu’à 21H30.

Entrée 11 €

 

 

 

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 20:20

Une histoire racontée à l’aiguille  par Marie-Jeanne Laurent

 

Entrez comme à l'intérieur d'une tente, dans les rouges, les ocres, les oranges qui vous saisissent dès l'entrée. Ce sont les couleurs de l'Orient, sur le fond bleu-noir du coton indigo,  et le blanc du lin.
orient-des-femmes-1-copie-1.jpgLes robes et les manteaux sont présentés debout, grandes manches déployées sur des bâtons, ce qui permet de voir tous les détails de la coupe, des broderies et des appliqués de tissus variés et  précieux.

Les vêtements les plus riches sont à trame de soies (souvent ikatées, c'est-à-dire ligaturées et teintes avant le tissage, ce qui donne un effet  de rayures et chevrons tremblés), mais riches ou moins riches, qu'ils soient en coton teint "en réserve", par petites ligatures dessinant des losanges blancs sur le fond coloré, ou  brodés de soies dans toutes les gammes de rouge (couleur bénéfique) et d'orangés, avec quelques détails verts et blancs, enrichis de fils  métalliques, ces vêtements faisaient de toutes des reines, vêtements de fête pour toute une vie, et même plusieurs vies, vêtement-statut social qui mettait chacune à sa place exacte. Syrie, Liban, Galilée, Jordanie, Sinaï, Bédouins, une histoire de femmes  racontée à l'aiguille et accompagnée de bijoux d'argent, étuis à fard,  ceintures tissées, voiles de tête, burkas-masques alourdis de sequins pour les femmes du désert (là on comprend que cette burka pouvait heureusement protéger des vents de sable).

Un petit salon où l'on peut s'asseoir et consulter de la documentation, où l'on peut même toucher quelques robes (oui c'est bien vrai), est une heureuse surprise.

broderie-.jpg
Christian Lacroix, couturier et amoureux des traditions de son pays d'Arles, n'a certainement pas manqué de rapprocher le caractère particulièrement éphémère, fugitif de la mode contemporaine, qui recherche l'effet, l'extravagance, de cette majestueuse simplicité, au-delà du  temps.
L'Orient des femmes Vu par Christian Lacroix  au Musée du quai Branly (Paris)

 

logo-branly.jpgInformations pratiques :

Musée du quai Branly, jusqu'au 15 mai, 37 Quai Branly 75007

Entrée  8.5€

mardi, mercredi et dimanche : de 11h à 19h, et jeudi, vendredi et samedi : de 11h à 21h

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 22:19

Exposition dans la salle d'actualité des arts graphiques: bizarre, bizarre par Marie-Jeanne Laurent


Déjà petite, la pièce est rétrécie par des tentures noires, qui sans doute veulent évoquer l'impasse  sans retour, et bien que les illustrations soient fort belles pour la plupart, l'exposition donne l'impression de disparate, d'inachevé, de décousu.

Le Moyen-âge est représenté par un dessin de Bellini sur vélin : trois jeunes seigneurs, élégants, arrogants, faucon au point, rencontrent trois squelettes les regardant de leur cercueil ouvert.
Puis une huile de Hans Baldung, où un chevalier à cheval, athlétique, arrache une jeune fille bien attifée à la mort qui tient la belle robe entre ses dents, tout en semant ses tibias. En plus une intéressante gravure sur bois montre trois squelettes dansant joyeusement une bourrée.
Puis nous voilà à l'époque romantique : le lavis de Delacroix où Hamlet dialogue avec le fantôme de son pèredelacroix.jpggirodet-copie-1.jpg, des dessins de Girodet: Enée apparaissant à Hector, d' Ingres et Gérard : le songe d'Ossian, faux poète galléique et vrai poète écossais du 18e siècle, belle lithographie de Fantin-Latour: Enée et l'ombre d'Hector, pour l'opéra d'Hector Berlioz, "Troie", tête de femme voilée d'un suaire de Gauguin, et ectoplasmes baclés de Victor Hugo  (ne pas lui en vouloir, il a fait de si beaux dessins).
Tout un pan est occupé par des photos du 19e siècle, sans invention et sans poésie: l'auteur superpose des têtes, fantômes bien sûr, à une femme médium, maussade, assise sur une chaise. Il y a là une sorte de drôlerie involontaire. Trucages en vogue paraît-il vers 1900.
Au centre une vitrine montre des plaques métalliques articulées, une espèce de lanterne magique, avec divers personnages, dont Marie-Antoinette et un squelette. Il y a aussi un bel album montrant les costumes d'un ballet où apparaissent des fantômes en suaire noir, et dont l'argument est de Corneille.
La brochure du musée indique un cycle de conférences sur le macabre médiéval, charrettes fantômes, fantasmagories et rituels de passage et oblique sur le cinéma fantastique.
A noter: en mars au Musée d'Orsay, un cycle de films sur "le fantastique gothique" qui doit compléter heureusement cette iconographie : docteur Mabuse au Louvre, et Frankenstein à Orsay.
Vous avez dit bizarre ?  

Informations Pratiques : Exposition « Revenants » Musée du  Louvre  Salle d'actualité des Arts graphiques.  Accès avec le billet d’entrée du musée : 10 € ; Tous les jours de 9 h à 18 h sauf mardi, nocturnes mercredi et vendredi jusqu’à 22 h.

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 21:06

 

Des clés  vivantes par Marie-Anne Chenerie

 

            Il existe plusieurs catégories d'objets : ceux qui – fonctionnels la plupart du temps -existent en tant que tels : le bol, le stylo …,  puis les objets qui portent en eux davantage que leur fonction première, souvent d'ailleurs parce attachés à une personne, un souvenir , une odeur, c'est un vêtement, un bijou , un accessoire ..et enfin , l'objet ouvert , qui n'existe vraiment que par son contenu et donc par les personnes qui l'emplissent et celles qui voient ce contenu , donc à la frontière du vivant , changeant et se transformant  .

            Dans cette dernière catégorie, il y a bien sûr tous nos objets informatiques actuels , mais surtout un objet petit , discret par son format et sa taille , mais immense par les possibilités qu'il contient : la clé USB .

 

            Un artiste berlinois, Aram Bartholl a eu l'idée , à la fois poétique, drôle et provocatrice d'installer des clés USB , avec du contenu : ce sont des «  dead drops ». Son idée a été reprise un peu partout dans le monde , il y a une quinzaine de clés installées à Paris .

            A l'origine, une « dead drop » , c'est une boîte à lettre morte , un système de communication utilisé par les espions dans les années 60, en fait une cache où l'on pouvait dissimuler par exemple des messages .

 

            Alors , j'ai été voir celle de la rue de Thermopyles , que j'ai choisie car j'aime cette rue , tellement décalée par rapport à son  nom : les Thermopyles,  célèbre et immense bataille, un des plus grands faits d'armes du monde antique , ici illustrée par David leonidas_aux_thermopyles_300.gif, et la rue est provinciale Paris---rue-des-Thermopyles_2.jpg, inattendue, verdoyante , variée , ici calme et là, soudain , un mur de graffitis, puis un jardin , un mur presque en ruines . Et la clé !cle.JPG.

 

            J'aime vraiment cette idée d'Aram Bartholl : d'abord par la grande liberté qu'elle sous -entend , liberté de contenu, de lieu , où il faut accepter l'éphémère , l'inattendu, voire la disparition  .

            Et puis, l'effort que cela demande : les clés , il faut les chercher, ce n'est pas facile, parfois un buisson a poussé devant la clé ( comme au Carrousel du Louvre ) , parfois il y des gens assis sur le banc où elle est installée et il faut attendre qu'ils partent , il faut s'appuyer contre le mur avec le PC collé au mur, vous avez l'air un peu étrange , c'est presque un jeu ,  sérieux , comme tous les jeux, cela a un parfum d'enfance 

            Enfin, j'aime cette façon de réfléchir – et surtout d'agir et donc de nous faire réfléchir – surles liens entre l'art, sa création et sa diffusion et les nouvelles technologies . Aram Bratholl en a fait son domaine http://datenform.de/ ]

 

            Provoc Aram Bartholl? Oui, à l'heure de Wikileaks et des lois sur la protection des données numériques .

            Mais pour moi, la prise de risque ( et la provocation peut accentuer encore cette prise de risque ) est une composante essentielle de l'art sincère .

 

            Alors allez dans Paris visiter les clés USB ; je viens même d'en installer une moi- même , son adresse se trouvera bientôt sur ce site http://deaddrops.com/dead-drops/db-map/,

.

 

A lire , l'excellent livre de Roger Pol-Droit : « Dernières nouvelles des choses », qui nous donne son regard sur les objets qui nous entourent . Vous ne regarderez plus de la même façon votre robe de chambre, vos bottes en caoutchouc , l'éponge de votre lavabo  , ni même bien sûr votre PC !!!

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 19:51

Autoportraits de Messerschmidt à Rembrandt par Anne Le Menn.

 

Une vingtaine des «têtes de caractères » du viennois Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783) sont actuellement exposées au Louvre.  Ces sculptures le plus souvent des autoportraits de l’artiste surprennent par leur virtuosité technique et leur coté intemporel. Représentant uniquement la tête avec une méthodologie scientifique, la reproduction semble d’une fidélité rigoureuse comme créée pour répondre à un objectif de recherche, peut-être sur la physiognomonie, l’étude des caractères d’après les traits anatomiques. Cette l’investigation intéressait les intellectuels du XVIIIème.

FXM-1.jpgCes portraits ne sont pas marqués dans le temps, à l’inverse de nos photographies de la période adolescentes, estampillées par les modes capillaires vite datées, ils semblent intemporels. Nous ne disposons pas de photographie de Messerschmitt, mais ses autoportraits sont vraisemblablement ressemblants, même si dans l’exercice, très intime de l’autoportrait, il est difficile pour un artiste de ne pas se laisser entrainer par sa subjectivité.FXM-2.jpg

La scénographie a placé les sculptures à hauteur de visage, le visiteur se trouve dans une proximité, lui permettant le face à face avec ces visages. Ailleurs au Louvre, d’autres autoportraits peints, ceux de Rembrandt (1606-1669), nous regardent encore, ici aussi une œuvre, nous permet une intense rencontre avec un artiste.

 

Visuels Dossier de presse Exposition Louvre 

 

Information Pratiques : Musée du Louvre : Accès avec le billet d’entrée du musée : 10 € tous les jours de 9 h à 18 h, sauf mardi, nocturnes mercredi et vendredi jusqu’à 22 h (fermeture des salles à partir de 21h30).

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 22:57

Sacha: «Je n'ai jamais su ce que j'allais faire » par Marie-Anne Chenerie

 

            On a du mal à le croire  quand on voit ses photos, construites , structurées , colorées …

            Et pourtant , Sacha nous  explique que la bonne photo est celle que l'on n'attend pas...

 

            Ce que j'ai aimé dans cette exposition de l'Institut Néerlandais, consacré à la photographe de mode néerlandaise , qui a travaillé avec les plus grands mannequins et pour de très nombreux magazines , c'est d'abord le personnage : la vidéo de l'entrée vous révèle une femme, certes âgée , mais si gaie, légère et profonde, naturelle et sans prétention , de ces personnes qui dominent tellement leur métier que , quand on les entend , on est confondu par tant de simplicité pour un si beau résultat .

            Elle est belle aussi, non pas belle, comme ces superbes mannequins qu'elle a photographiés ( Inès , Isabella, Laetitia,Carla ,Linda,  vous aurez reconnu ...)laetitia.png , mais belle de cette  sincérité profonde dans son métier et de ce naturel , de cette femme qui a côtoyé tant de mannequins coiffés, maquillés, apprêtés  pour les prises de vue.

 

            J'ai aussi trouvé de nombreux points communs , aussi paradoxal que cela puisse paraître, entre photo et gravure , en l'écoutant parler de son métier  :

 

-        La photo réussie ne laisse pas sentir l'effort, malgré les heures de travail , les multiples poses, les centaines de croquis que l'exposition nous montre  . Sacha plancheUne photo réussie, comme une gravure réussie ne doit pas laisser transparaitre les multiples étapes , constructions et déconstructions . Sacha le dit : « Pour que ça ait l'air naturel, il faut faire , puis tout défaire ». Il faut savoir oublier le travail , nous dit cette artiste, dont on sait et on voit qu'elle a énormément travaillé.

 

-        La réussite d'une photo relève d'un instant magique, totalement inattendu , et bien sûr non prévu . Ainsi également, la meilleure gravure, ou le meilleur tirage ( on utilise d'ailleurs le même mot en photo argentique et en gravure ) sont ceux qui surgissent alors que  vous avez tout essayé et parfois même renoncé ; comme l'instant magique où l'on soulève le « lange » de la presse  et où  apparaît le résultat , par exemple, en fin de journée, lorsque vous essayez sans idée préconçue ; ce n'est pas du tout ce que vous aviez prévu , le hasard ( certains diront le talent ) est intervenu . Le hasard, oui , mais le hasard apprivoisé  par beaucoup de travail  et d'obstination .

 

-        L'image juste est pour elle différente de l'image vraie  et je trouve cette phrase magnifique : elle laisse toute sa place à l'artiste , sa liberté, son individualité et c'est merveilleux de l'entendre de la bouche d'une photographe, dont on pourrait penser  , que justement son métier est de faire du «  réel »; non, cela va bien au delà . Elle nous permet de voir plus que le réel . 

 

-        Alors, voici quelques images dans cette belle exposition à l'Institut Néerlandais , dont vous pourrez aussi admirer l'architecture les-mannequins-en-noir.jpg institut-grille.pngLes illustrations de cet article sont soit extraites du dossier de presse , soit prises par Louisa Dusinberre .robes-noires.jpg

-         

 

Informations pratiques

Exposition jusqu'au 20 mars 2011

 

Institut Néerlandais 121 rue de Lille 75007 Paris
0153 591 240
Site web
 www.institutneerlandais.com

M
étro  Assemblée Nationale. Entrée 4 euros (plein tarif), 2 euros (tarif réduit).

Ouvert tous les jours de 13h à 19h, sauf les lundis.

 

 

 

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 22:59

Andrée Putman par Marie-Jeanne Laurent

 

Madame Putman a posé ses yeux d'enfant sur, excusez du peu, l'abbaye de Fontenay, un des sommets de l'art cistercien (côte d'or), qui était près de la propriété familiale. Elle en a assimilé la rigueur sans sécheresse, l'équilibre, l'art de la lumière et le jeu subtil des ombres- lumières- ciels.

 

PUTMAN2.jpgElle est fascinée par la révolution des années 30, et l'héritière directe du groupe de Mondrian, du Bauhaus de Weimar, et de le Corbusier qu'elle admirait particulièrement.

 

L’Amérique, la croyant célèbre en France, lui commande hôtels, bureaux, où le luxe est fait de dépouillement, de matériaux bruts, d'harmonies des lignes, volumes, lumières. Peu, si peu de couleurs. D'abord la ligne, tout invite au silence, même la salle de bains d'un grand hôtel de New-York, toute en carreaux noirs et blancs, réservés jusque là aux cuisines.PUTMAN1.jpg

 

La France, la voyant célèbre, lui passe commandes à son tour : elle conçoit l'intérieur du Concorde, l'agencement de la tour Total, des villas sur la mer, des meubles aux lignes sobres comme de beaux rochers, des bijoux sans fioritures rappelant les torques gaulois, jusqu'à des tasses et petites cuillères, des bagages.

 

Diverses très belles vidéos complètent l'exposition en montrant toutes les facettes de ses activités. On sort ravigoté : mais la création contemporaine, c'est beau !

 



 

Informations Pratiques

Andrée Putman Hôtel de Ville de Paris 5 rue de Lobau 75004 Paris

Jusqu’au 26 février 2011

Tous les jours, sauf dimanches et jours fériés, de 10h à 19h Dernière entrée : 18h15

ENTREE GRATUITE

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 22:15

 

Mondrian / De Stijl : les révolutionnaires aux lunettes rondes par Marie-Jeanne Laurent

Entrer dans l'exposition Mondrian, c'est entrer dans la cathédrale de la modernité. Le respect vous saisit devant ce monsieur sérieux, cravaté, chapeau mou et lunettes rondes, et ses camarades qui ont tous l'air de hauts fonctionnaires.
Mais ce sont pourtant des révolutionnaires qui, dès 1917 veulent inventer un nouveau langage, une nouvelle vision, un nouvel art de vivre. Ils s'élancent sur les ruines du 19e siècle, qui meurt en 1918.
La première salle est consacrée aux peintures d'avant 1914. On y trouve la série des arbres, des arbres en fleurs et paysages où se reconnait l'influence de Cézanne dans l'utilisation de la couleur, où déjà les structures sont plus importantes que l'objet.
Une belle série de fusains montre des études d'arbres où la géométrie apparait plus présente, quelques études (nu et composition en ovale) témoignent de sa rencontre avec Picasso et Braque (1914).
Mais le ton change totalement. La revue "de Stijl" ( le style) parait. Mondrian et ses amis, dont le principal Théo van Doesburg est architecte,  affirment leur expression : géométrie, lignes droites et couleurs primaires, rythmes.Mondrian-2.jpg
D'où toute une série d'études de lignes et de couleurs, de tableaux géométriques, de vitraux. L'histoire de la revue, des projets d'architecture et d'urbanisme (le musée Van Gogh à Amsterdam, la "machine à habiter" à Utrecht et des maquettes), des photos, des documents de toutes sortes consacrés à tous les membres du groupe, montrent l'effervescence de ce mouvement et son actualité.
Bien entendu ils ont des contacts avec l'autre phare de la modernité: le Bauhaus à Weimar.
L'atelier de Mondrian à Paris, rue du départ, de 1921 à 1936, est reconstitué dans l'exposition , on peut y rentrer: il est clair, sans mystère, sans recoins, blanc, aux lignes noires et couleurs primaires- fonctionnel et apaisant sans doute pour lui. Mondrian part en 1940 pour New-York où il meurt en 1944.

Information pratiques :



 

Mondrian / De Stijl jusqu’au 21 mars 2011. Au centre Pompidou  Paris.

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 22:47

 

            Les manuscrits de Romain Gary :

« Je ne suis pas devenu fou, je suis devenu écrivain » par Marie-Anne Chenerie

 

            Le Musée des lettres et Manuscrits : un charmant petit hôtel boulevard Saint Germain, hotel-musee-des-manuscrits-copie-1.jpg ]une exposition atour d'un auteur qui m'a toujours fascinée et surtout une curiosité : comment faire pour exposer des manuscrits sans tomber dans un profond ennui ?

 

            Certes, toute manifestation extérieure reflète quelque chose de l'homme: son visage, sa voix, son écriture  ( et son écriture surtout disaient les graphologues, quand cette discipline était à la mode ) , mais comment faire surgir l'homme vivant , sensible, secret, violent à partir de ses seuls écrits , non pas dans leur contenu, mais dans leur forme ?

 

            Surtout lorsque cet homme s'appelle Romain Garyla-vie-devant-soi.jpg, ou Emile Ajargros-calin.jpg, cette nature si forte , cette vie pleine , narquoise et généreuse , cette immense exigence , cette violence qui cachent une profonde inquiétude et une vie tendue par le sens du tragique . Vie qui s'effondre d'ailleurs, sans crier gare , avec une phrase faussement détachée : « Je me suis bien amusé: au revoir et merci ».

 

            Oui, j'ai été déçue par l'exposition, déçue à la hauteur de mon admiration pour l 'auteur . Certes , il y a à l'entrée ce magnifique portait , qui vous hypnotise, comme le python de Gros Calin, visage magnifique, séducteur, au regard vert presque maquillé, si profondément triste et si exactement théâtral. RomainGary.jpg. Comme il le dit lui-même, « je suis un juif mâtiné de sang moghol et tartare » , donc profondément nomade ; d'où peut être cette instabilité dans toute sa vie . Est ce aussi le mystère de sa filiation, soigneusement entretenu par sa mère et lui : fils du  Polonais   Kacew , ou fils de Mosjoukine  l'acteur de théâtre … La ressemblance est troublante .

            Il est profondément amoureux de la femme, des femmes, dans le sens où il comprend que l'homme est riche de sa part féminine . Ne dit il pas , comme toujours en dérision chez lui , dans cet extrait du « questionnaire de Proust » : Quel est la couleur que vous préférez , La femme . Quel est l'oiseau que vous préférez? La femme . Et pour preuve, son immense succès auprès des femmes , dont la première et l'absolue fut sa mère ? gary-et-sa-mere.jpg

            C'est «  un minoritaire né », c'est-à-dire celui qui, dès qu'il se sent entouré, reconnu, prend la fuite , s'esquive, mène une vie secrète et parallèle , pour qui seule la liberté individuelle a du prix: liberté acquise par l'écriture , et par la provocation , y compris le subterfuge de pouvoir être lu et couronné après sa mort, comme un écrivain vivant . Imposture ? Non, désir de ne pas se prendre ( ou d'être pris ) au sérieux et sans doute le désir de se manifester comme celui qui sera toujours ailleurs , là où on ne l'attend pas.

 

            Alors ces manuscrits ? La mise en scène est classique, chronologique et thématique , animée par de très belles photos de Gary ou de Jean Seberg j-seberg.jpg, comme ce panneau ( authentique ) devant son bureau, où sont accrochées des photos de Jean Seberg et de leur fils  Diego , une vidéo inaudible … Rien sinon, le désir de lire ou relire ces oeuvres , et , peut être est cela finalement la finalité d'une telle exposition ?

 

Informations pratiques :

Musée des Lettres et des Manuscrits

222, bd saint germain 75 007 Paris

du mardi au dimanche 10h/19h ; jusqu'au 20 février .

Entrée de 5 à 7€

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